Ralentir le temps
Ce matin pluvieux ralentit mon organisme. Il y a tellement à faire qu’une journée peut durer 48 heures dans les 24 imparties. Ralentir le temps en le rallongeant peut paraître impossible et pourtant… Cet avion qui passe dans le ciel avance par saccade. Le son de son moteur bourdonne dans mes oreilles comme un écho qui n’atteint pas le fond de la répercussion. Je lève la main pour chasser un insecte et mon œil décompose le mouvement en centaine d’images. Le temps ne ralentit pas en fait, mes sens le perçoivent autrement.
Regarder ou voir
Les secondes passent dans la similitude de la seconde précédente et pourtant… Chaque instant est différent dans sa couleur, sa forme, le son qu’elle transmet, une autre perception.
Le cycle de la vie est une multitude de mouvements perpétuels qui se répètent chaque jour. À force de voir, je ne regarde plus, n’observe plus comme si c’était la première fois.
Ma perception devient une banalité qui brouille la beauté de ce qui m’entoure.
Redécouvrir
Je prends le temps de respirer par le ventre. Le souffle est plus lent, plus long. Les secondes n’existent plus et m’entraînent dans un temps qui ne compte plus. Une sensation étrange me déconnecte de ce matériel qui obnubile l’être humain.
Je suis ici et nulle part, partout et ailleurs. Chaque goutte qui tombe représente une histoire dans laquelle je pourrais me perdre. Je perçois des instants, des couleurs, des émotions primaires que je pensais avoir oubliés… La vie…
L’instant du temps
Fermer les yeux pour mieux les ouvrir et percevoir la réalité, d’instants oubliés d’un temps qui n’était qu’hier, où tout était merveille et découverte.
Devenir un enfant qui prend plaisir à toute sensation comme si c’était la première fois.
Ce matin pluvieux m’appelle à rester l’homme que je suis comme un adulte à observer la vie comme si c‘était la dernière fois. J’ai de la chance… Je vis.
Emmanuel Sabouret