Connaissez-vous cette chose cachée insidieusement dans votre dos et votre tête, qui vous pousse, vous nourrit pour vous énergiser à toujours en faire plus ?
Connaissez-vous cette exigence d'atteinte de résultat, ce 150 % que vous recherchez alors que l'on vous a demandé un 100 % ?
Le comble est que même si vous l'atteignez, les autres ne perçoivent que le 100 demandé. Ils n'ont aucune idée que 50 % de plus pouvait exister. Vous venez de perdre 50 % d'énergie qui ne sera pas récompensé de ses efforts. Vous continuerez un temps, puis vous vous interrogerez sur un malaise que vous avez trop souvent refoulé.
Le syndrome de la performance voudrait être une panacée, le gendre idéal du travail, mais ne serait-ce pas en réalité, le lièvre du Burn Out.
Deuil du syndrome de la performance
Il était une fois, lors d'une rencontre au bureau :
Comment avez-vous fait pour vous en libérer ?
Je ne sais pas exactement… C’est comme si j’avais accepté que je ne pouvais réellement pas en faire plus, et qu’il était temps pour moi de laisser ma place.
Les yeux dans le vide, je l'observe plonger dans un tourbillon. Il se laisse guider comme un pantin dans un monde qu’il s’était jusqu'à maintenant refusé.
Le combat était fort et puissant. J’attendais le regard ou la remarque qui confirmerait que j'étais unique, dans la lumière. Je vous en parle et je ressens encore cette époque…
Son corps est tendu comme un roseau pourchassé par le vent. Son esprit s'échappe du bureau. Son corps vit des spams, des tremblements, transporté dans une régression temporelle de son histoire passée.
Il se lance dans un discours descriptif :
Les bourrasques créées des gens qui m’entourent, tous ceux qui passent sans me voir ou ceux qui me sourient, me demandent énormément d’attention. Comment dois-je interpréter leurs comportements, leurs regards ou leur sourire sur ma personne ? Est-ce une façon de me reconnaitre ou dois-je en faire plus ? Je baisse à nouveau la tête, plonge dans le guidon et je travaille, approfondit une connaissance incertaine pour mes fonctions, creuse un schéma protocolaire spécifique, afin d’envisager toutes les possibilités et solutions. Mon père était comme ça aussi. Il courait sans cesse dans sa tête, en fragmenté, sans faire la moindre pause. Ses valeurs étaient telles que seuls les résultats affichés avaient de l’importance. Il les mesurait aux portes qui s’ouvraient à son approche, les sourires et les « monsieur » qui étaient dégainés lors d’un regard croisé. Toujours plus vite, toujours plus fort, il fallait avancer en faisant mieux à chaque fois. À fixer toujours devant, sans porter la moindre attention à ce qu’il avait sur ses côtés, il est parti un jour vivre une autre mort. Il a vécu sa vérité, seul, obnubilé par la perfection, du "sans erreurs" et de la reconnaissance.
Cela veut dire quoi "en faire plus que" ?
Plus que ce qui m’était demandé… Maintenant ce n’est plus important. Je ne veux plus courir après une chimère qui n’existe pas. Ce syndrome m’a diabolisé, écartelé entre l’humanité et la performance sans loi. J’ai laissé passer le temps sans voir mes amis s’éloigner. J'ai été consumé par ce désir de feu de monter sur un podium, qui n’était qu’illusion et visible qu'à mes yeux. Ces trophées posés sur une étagère, prenaient la poussière avant d’être déposé dans un carton puis abandonné sur un trottoir lorsque j’aurai trépassé. Les enfants des enfants de mes enfants ne seront même pas à quoi je ressemblais. Ils apprendront peut-être au détour d'un couloir que j'ai existé.
Vos mots sont violents et emplis de déception.
Je vous assure que non, c’est une simple évidence, une résilience avec beaucoup de compassion pour celui que j'ai été. En vouloir toujours plus, c'est s’harnacher d’une ceinture d’égo, qui se nourrit de son diabète de flatterie, qui accélère la cécité d'un sens apaisé de vie. Je laisse ma place... Pas que je ne suis plus capable, mais j’en ai une autre à prendre. Celle que j’aurais pu saisir avant. Je n’ai plus rien à prouver à personne. Ce temps qui passe m'entraine dans un mur dans lequel les choix ne sont plus multiples. Je peux l'occulter ou faire semblant de ne pas le voir et passer à côté. Je peux continuer à lutter pour atteindre une performance sans sommet, sans objectif, ni but ou réflexion, afin de définir un sens au plaisir de se libérer de toute obligation dont je me suis affublé. Je ne serais jamais le meilleur en tout, et je peux l'accepter. Je ne changerai pas le monde, mon expérience n’est qu’une lanterne qui n’éclaire que mon chemin et je sais maintenant, qu’elle n’appartient qu’à moi. Je vais donc vivre dans sa lumière qui indique le plaisir, rien que le plaisir. Celui de donner et de recevoir à ceux qui l’observent et rien d’autre. Fini de courir, mais vivre comme si je découvrais chaque jour le bonheur de la chance d’être là.
Pistes de travail
Le syndrome de la performance est souvent le résultat de la recherche d’une perfection, dû au besoin d’appartenance.
Je vous propose des pistes qui ne sont certainement pas les seules, mais que je rencontre fréquemment au bureau.
Il n’y a pas d’âge ou de génération pour rencontrer la performance. Il est vrai que les baby-boomers ou la génération X ont connu une ère professionnelle où la société encourageait avec vigueur les résultats.
Aujourd’hui, le sens de vie des nouvelles générations dans le travail, travestit ce syndrome, mais est toujours présent. Il serait facile de généraliser un type d’individu, sujet à vivre cet état limitant en parlant des sportifs de tout âge, du milieu des finances ou des ventes, des avocats ou des chefs de projet et dirigeants. Ce serait occulté les personnes introverties, les non-carriéristes, les étudiants, les personnes au foyer, enfin tous ceux qui vivent cette nécessité de performance et qui n’ont pas de lien avec la profession.
Que ce comportement vienne de la famille ou de croyances professionnelles, il est toujours intéressant de rechercher le besoin primaire qui l’a créé.
La croyance forte de la nécessité d’être performant s’intensifie pour devenir une valeur qui donne l’impression d’être une partie profonde de l’identité.
Vous pouvez tout de même entendre des performeurs dire que ce besoin de performance est uniquement un besoin propre, et n’est pas dirigé à assouvir le regard de l’autre.
Pourtant, lorsque l’on prend le temps de creuser, le comportement est bien né lors d’évènement de vie dans le jeune âge. Pour faire partie de la tribu, il se crée un état continu d’effort sans limites pour exister, prendre sa place et la garder. Lorsque cet effort est considéré comme une performance par l’entourage, les encouragements indiquent à la conscience que c’est la chose à faire pour être reconnus. La performance devient la perception de combler l’attente de l’autre pour faire partie intégrante de son monde et d’être à sa hauteur. C’est comme une étape d’épreuves, pour faire partie d’une fraternité universitaire qui se répète plusieurs fois par jour.
Que ce soit à l’école ou en famille, la sensation de ne pas avoir le choix d’être dans la performance, donne naissance à ce syndrome qui devient identitaire et non comportemental.
La vie est une mouvance d’apprentissage. Ce que l’on croyait ou pensait hier ne l’est peut-être plus aujourd’hui. L’éducation que nous avons eue, nous a été imposée par notre tribu. C’est un cadre social pour éviter l’anarchie. De la même façon, les comportements que nous avons pu observer de nos proches de références, leur sont propres sans être l'unique vérité.
Il vous est donc possible de choisir ce que vous voulez faire et croire. Toute évolution est une étape de prise de conscience quel que soit l'âge.
Prise de conscience
Tant que l’immortalité sera la toile de fond des comportements, la performance sera toujours l’objectif numéro 1.
Arrivée vers la cinquantaine, la mortalité apparait sur le chemin de la vie. La maladie et les bobos de l’existence, rappellent à l’ordre, des priorités qui auraient besoin d'être recadrées.
Lorsque vous détectez le comportement de performance, recadrez vos courses, vos besoins, en définissant vos intentions de vie et en laissant derrière vous des croyances qui ne demandent qu'à être remplacées.
Il n’y a pas d’âge pour se détacher…
Si vous êtes dans ce cas... consultez !
Faites confiance à la partie qui sait…
Emmanuel
Emmanuel Sabouret
Auteur, Hypno-coach exécutif certifié et conférencier,
Emmanuel accompagne des particuliers et des dirigeants d’entreprise dans leur évolution.
Tantôt thérapeute, coach PNListe, enseignant ou mentor, il permet à ses clients de comprendre et d'intégrer les connaissances des fonctionnements des biais cognitifs.
Spécialiste du stress et du sommeil, il aborde tous les problèmes qui pourraient créer un trouble, comme la communication, les désirs de changements et d’engagements, les émotions, les fractures de vie personnelles et professionnelles.
Bien accompagné et parfaitement défini, Emmanuel considère que l'organisation, la discipline et la persévérance sont à la portée de tous.
Faites confiance à la partie qui sait…
Emmanuel
J'adore cette réflexion et prise de conscience! Merci de tout coeur 🤗