Connaissez-vous la profondeur de la vie ?
Naître dans une famille, sans savoir pourquoi celle-ci, ce qui nous attend et ce que nous allons traverser, sont les épreuves qui nous caractérisent.
Mike Horn disait dans une de ses conférences, que pour profiter de sa vie, il suffit de connaître 5% de ce qui nous attend, le reste sera des apprentissages qui seront surmontés, tout au long du parcours.
Pourtant, il suffit de s’inspirer de la vie d’un autre pour apprendre, agir et vivre…
Il était une fois
C’est l’histoire d’une femme qui est née pendant la guerre d’Espagne. Réfugiée avec sa famille en France, elle est une petite fille pleine d’énergie, pétillante et rayonnante.
Elle grandit dans la naïveté de l’enfance, encerclée par une éducation stricte et la légèreté d’une liberté qu’elle s’octroie, de tours de passe-passe, de catimini et du désir de vivre pleinement ce qu’elle entreprend.
Elle ne connait pas 2 % de ce qui l’attend, mais sa joie de vivre et son désir du plaisir, lui permet de s’engager dans toutes les aventures qui l’attendent.
Elle fait du sport, se marie à un ouvrier et a trois enfants. La vie lui joue des tours, mais elle est toujours là, debout, dans la solution.
Elle joue à cache-cache avec ses enfants dans un placard, les jours où le laitier passe chercher l’argent des livraisons de la semaine, à quelques heures près, elle vit une opération de la dernière chance, plaque tout en France pour encourager son mari à accepter une mission en Afrique, fait des allers et des retours interminables lorsque son ainé vit un terrible accident de voiture, en France, qui lui laissera un lourd handicap à vie, et pourtant… elle avance sans se plaindre, droite rayonnante et souriante.
Le coup du sort de trop
Toujours partante pour danser, voir des amis, voyager et s’amuser, elle est confrontée à un conjoint casanier. Il lui demande sans cesse pourquoi elle a toujours besoin de s’activer, alors qu’il est si bien à la maison.
Courtisée toute sa vie, elle a constamment su recadrer les hommes trop entreprenants, avec le sourire. Son mari restait sa raison de vivre, ses limites, qui lui ont permis d’éviter de voyager plus qu’une hôtesse de l’air, ou de danser plus longtemps qu’une étoile à l’Opéra de Paris.
Et puis la terre a tremblé… premier cancer et 15 ans de crabes qui se propagent dans le corps de son homme. Jusqu’au bout, jour après jour, heure après heure, elle l’a bichonné, protégé et accompagné au-delà de ce qu’un conjoint devrait faire pour l’autre.
La femme rayonnante, le soleil s'est éteint ce jour de mise en terre. Quatre années de deuil, de larmes où l’existence n’avait plus aucun sens.
Faire son deuil n’a pas de temps, ne se contrôle pas. Les étapes n’ont pas toujours un sens et la flamme de la vie diminue, s’estompe, mais ne disparaît jamais.
Malgré sa douleur, elle s’inscrit à la gym deux fois par semaine, puis donne des cours d’encadrement, participe à un club de patois dont elle n’a aucune compréhension, une chorale et s’accroche à un semblant de vie.
La petite flamme reprend de la place. Les autres s’en aperçoivent avant elle. Sa présence est réclamée par d’autres groupes où elle apporte la vie, la joie.
Renaître
Je résume : Club de marche (environ 30 km par semaine) – club de gym (deux fois par semaine) – Club de patois (une fois par semaine) – Chorale (deux fois par semaine), les préparatifs de gâteaux, de paëllas et de tout ce qu’il y a à faire pour les évènements des clubs du weekend.
Vous avez affaire bien entendu à une retraitée qui a un agenda qui ne peut pas exister pour le commun des mortels.
Depuis un an, les voyages se sont ajoutés à ses occupations. Les clubs permettent de voyager raisonnablement et de continuer à rayonner.
Cette femme a 81 ans cette année, elle dit qu’elle a laissé son mari partir en paix et qu’elle désire vivre chaque jour comme si c’était le dernier. Elle a des petits bobos qu’elle ne nomme jamais, une normalité, dit-elle pour une femme de son âge, alors pourquoi en parler?
Elle dit qu’elle pourrait se casser le coccyx ou une jambe demain et ne pourrait plus se déplacer...
Moi j’en doute… 😀
Une vie pleine, faite de durs labeurs, de souffrances, mais toujours dans le positif qu’elle a traversé. Elle retient les bons moments, rit de ses erreurs qu’elle accumule avec ce sourire qui se transforme en éclat de rire très rapidement.
Elle fuit les « vieux » qui se plaignent, mais est éternellement à l’écoute, prête à aider. Elle a mis de côté les mauvaises langues, les conflits du passé, les médisants et tous ceux qui vivent avec une rancœur qui les empoisonne dans leur médiocrité.
Elle a appris à faire le ménage de ce qui ne lui convenait pas et à faire confiance au 5 % qu’elle connaît maintenant.
Vivre sa vie comme si c’était le dernier… C’est ce que me dit cette femme à chaque fois que je lui parle. Je ne sais pas toujours où la trouver, dans quelle région ou pays où elle se situe, mais je sais une chose, elle m’enseigne le sens de la vie.
En ce moment, elle est au Pays Basque, ça j'en suis certain vu le béret qu'elle porte sur la photo qu'elle vient de m'envoyer.
L’année prochaine, elle devrait venir ici au Canada pour nous rendre visite. Je dois commencer l’entrainement dès maintenant, si je veux pouvoir la suivre, garder son rythme et manger la vie.
Elle m’enseigne que seule la santé est importante, le reste n’est qu’accessoire pour se plaindre ou se raconter !
Merci, maman, je t’aime… 😘
Emmanuel
Tu en as de la chance Manu... profites bien de sa présence encore de nombreuses années j'espère.