Je ne sais pas si ce sont mes oreilles, mais la chorale « C’est la faute de », retentit toujours devant les fenêtres de mes pavillons :
- Faute du Covid, faute du gouvernement, faute de ma mère et de mon père, faute de la famille, du cousin, du conjoint, du voisin, du médecin, de la belle famille, du collègue, de l’ami, des médias, du chien… du manque d’empathie !
Vous ne l’attendiez pas celle-là, n’est-ce pas, du « manque d’empathie ».
Et pourtant elle est déjà là, l’excuse :
- C’est sa faute, il n’a pas assez d’empathie pour ma personne…
Bascule
Nous avons certainement frappé le mur de l’assistanat. Un point d’excès qui va entraîner la nécessité de replacer des règles de groupe prioritaire sur l’individu.
Si nous revendiquons tous notre différence et notre exception, nous devons accepter que nous ne puissions pas exiger une place prioritaire dans la troupe.
L’autoproclamation, amplifiée par les réseaux sociaux, crée un pont entre une réalité absurde et virtuelle des mythomanes placardés sur internet, et la lecture au premier degré des personnes lambdas.
La revendication va puiser dans toutes les extravagances, chercher des responsables à l’extérieur de leur groupe de pensée. Elle va jusqu’à construire une réalité d'omissions, de généralisations et de distorsions, qui lui permettra d'affirmer, avec la couronne du ridicule, que c’est la faute de l’autre qui n’a rien compris.
Stress et anxiété
La maladie mentale et la dépression prennent de plus en plus de place dans les médias depuis la dernière pandémie.
D’après Statistique Canada (1), une étude sur les 15 ans et plus, démontre que le trouble d’anxiété généralisée, a réellement augmenté entre 2012 et 2022, passant de 2,6 % à 5,2 %.
La plus forte augmentation a été observée chez les femmes. La phobie sociale aurait même quadruplé chez ces dernières, entre 2002 et 2022, passant de 6,1 % à 24,7%…
Bien entendu, il y a aujourd’hui plus de recherches et de diagnostics effectués sur les problèmes psychologiques qu’il y a dix ans. Il y a donc plus de focus et d’interrogation sur la santé mentale ces deux dernières années qu’il n’y en a jamais eu auparavant.
Il suffit de pointer du doigt, en induisant un résultat, pour que le cerveau y place toute son attention, et finisse par devenir une obsession puis une réalité.
Je ne veux surtout pas banaliser les troubles émotionnels. Je tiens à affirmer que les informations médiatiques et l’insistance des difficultés mentales de la société entraînent une manipulation et orientation de perception et de réalité sur le cerveau. Elles sont amplifiées par les biais cognitifs de modélisation et d’appartenance.
Entre alors en piste le rôle du martyr, qui après avoir lustré la coquille du Calimero, reste figé face aux solutions à mettre en place.
Maintenant, si les professionnels de la revendication n’ont pas appris à fournir un minimum d'efforts pour atteindre un désir, leur incapacité à agir projette leur lâcheté sur les autres.
C’est ainsi que la chorale entame son concert, déversant bruyamment du son, de la méchanceté, du jugement où la bile devient alors la possibilité de se laver, de tout pêcher d’incapacité et de médiocrité.
À qui la faute ?
À moi, à vous, à tous ceux qui, par laxisme de responsabilité, laissent bafouer des règles de valeurs, de partage et de respect.
À force de tout accepter sans réagir, la bêtise devient référence. À tout laisser faire dans un monde de béni-oui-oui, d’autoproclamation d’une différence généralisée, s’opposer aux penseurs du néant, est signalée comme un crime de Sa Majesté ; L’Anarchie.
En réclamant l’égalité une hiérarchie s’impose d'elle-même. Comme dans le royaume des rats, surgit le dictateur, même passif, les réalisateurs soumis et aveugles, le peuple silencieux qui subit, et le vagabond, insaisissable de liberté qui garde sa capacité d'observer.
La minorité revancharde reproche une pensée universelle, exige un changement immédiat, de manquer d’amour, d’empathie envers les autres, réclame l'inversion du pôle Nord au pôle Sud dans les prochaines 24 heures.
La liberté réclamée par une société qui supprime les règles et les schémas, refusant tous les cadres et en particulier ceux du passé, construisent pourtant un schéma encore plus rigide et strict. Ces pseudos bien-pensants retirent toute liberté de réflexion et brûlent l’histoire, qui devrait cependant témoigner des erreurs à ne pas reproduire.
Après l’excès d’une pseudoliberté que nous vivons en ce moment, nous finirons par basculer à l’inverse dans une restructuration rigide qui sera tout aussi excessive.
Je ne prédis rien, ce n’est que l’histoire qui se répète, un protocole primaire du cerveau humain.
La conscience cherche toujours à changer ce qui va bien, encouragé par les biais de confirmations qui se détournent petit à petit du chemin de la bienfaisance partagée.
De plus, le cerveau de l’homme n’a d’évoluer, comparé à l’animal, que la réflexion de son égocentrisme.
Comme toutes les créatures, la hiérarchie est un fondement de la structure d’une vie équilibrée de groupe. L’égalité de décision et de possession n’existe pas, et restera le phantasme d’une méconnaissance du fonctionnement cognitif du règne animal réclamé par la frustration de mammifères limités.
Notre responsabilité
Nous sommes responsables de nos difficultés et décisions.
Pour obtenir, il est nécessaire de passer par une action possible et réalisable, en saluant ce qui existe, plutôt que ce qui manque. Faire, plutôt que dire, et observer à l'encontre d'imposer.
Nous avons une part de responsabilité dans les problèmes pour combler un besoin. Il est nécessaire de communiquer autrement, d’apprendre à écouter et à observer afin de définir ce que recherche l’autre profondément, dans son attitude et son comportement. La finalité est de rendre à chacun sa responsabilité d’action, sa liberté, son autonomie et respecter la vie pour être respecté à son tour et être aimé.
Il ne tient qu’à nous de dire stop, non merci, en apportant des solutions dans l’action, sans avoir besoin de reprocher à l’autre ce qui n’a pas été fait, mais plutôt de saluer le chemin déjà parcouru.
Faites confiance à la partie qui sait…
Emmanuel
(1) statistique Canada : https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/230922/dq230922b-fra.htm
Emmanuel Sabouret - Hypnose Montréal
Hypnologue, coach exécutif certifié et conférencier, Emmanuel accompagne des particuliers et des dirigeants d’entreprise dans leur évolution.
Tantôt thérapeute, coach PNListe, enseignant ou mentor, il permet à ses clients de comprendre et d'intégrer les connaissances des fonctionnements des biais cognitifs.
Spécialiste du stress et du sommeil, il aborde tous les problèmes qui pourraient créer un trouble, comme la communication, les désirs de changements et d’engagements, les émotions, les fractures de vie personnelles et professionnelles.
Bien accompagné et parfaitement défini, Emmanuel considère que l'organisation, la discipline et la persévérance sont à la portée de tous.
Se déresponsabiliser, un verbe trop souvent conjugué à notre époque. Lorsque l‘Égo prend toute la place , la responsabilisation de ses choix et de ses actes a tendances à vouloir prendre le large malheureusement!! Très bon texte comme toujours!
Quel texte qui porte à réfléchir sur notre responsabilité d'entretenir de bonnes relations. De savoir pardonner, que nous n'avons pas toutes les réponses, que nous n'avons pas l'immunité en tout. Merci, M. Sabouret, vous êtes extraordinaire