L’hypnose fait partie de moi depuis plus de 25 ans, dont 12 ans en bureau privé au Québec, et je suis encore dans l’incapacité, de définir comment la magie opère.
Comment fonctionne l'hypnose ?
Est-ce la technique, le comportement du thérapeute ou du client, l’intention de l’un et de l’autre qui font la différence ?
Je pense que c’est un ensemble de tout ça.
Ce qui fonctionne pour un, peut ne pas fonctionner pour un autre, comme un test hypnotique peut fonctionner sur trois personnes sur cinq, ou une sur trois.
La connaissance des techniques est une chose, la souplesse de se « savoir », en est une autre.
Je ne sais pas s’il est possible de transmettre son expérience en étant dans les faits, car le processus de changement n’est pas véritablement identifiable et ne peut être généralisé.
L’hypnose fait appel à l’intelligence du cerveau automatique, celui qui sait, qui gère et qui maintient l’équilibre. Je parle de la partie de l’être humain qui ne juge pas et qui ne se compare pas à l’autre, méconnaissant son existence.
Il est donc nécessaire de maitriser, d’intégrer les techniques et les connaissances inconsciemment pour déléguer à sa propre partie inconsciente, un contrat d’acheminement pour l’inconscient du client.
Phobie de l'ascenseur et la transe sous hypnose
Une femme d’une quarantaine d’années, que j’appellerai Isabelle, est venue me consulter il y a trois semaines, pour une phobie de l’ascenseur qu’elle « traine depuis toujours », dit-elle.
Je rappelle qu’une phobie est une peur puissance 10, où les larmes et la panique embarquent dès la perspective d’y être confronté. Je sais que l’agent de la sécurité en bas du bulding a accompagné ma cliente en larmes, jusqu’à mon bureau au 17e étage.
La consultation a été un recadrage sous haute tension du corps. Un discours fait de métaphores et d’inductions cachées dans des yeux pleins d’eau, comprenant une systémie de techniques indéfinissables, de projection et de dissociation, de préparation mentale et d’ancrage, dans un scénario insaisissable pour la conscience.
Ce fut une heure de transe partagée entre elle et moi, les yeux ouverts et fermés, assis et debout comme un balai d’opéra-comique.
Dire que tous mes mots et les protocoles de la session étaient prévus, dirigés par un plan défini, serait un grossier mensonge prétentieux.
J’ai raccompagné à l’ascenseur une femme fatiguée, lessivée comme je l’étais par une séance intense, sans savoir si la magie avait opéré.
Devant l’ascenseur, les sanglots ont réapparu et j’ai donc raccompagné ma cliente jusqu’au rez-de-chaussée, en espérant que toute la rencontre n’allait pas disparaitre par l’apparition des portes coulissantes.
Je ne cherche plus à savoir si la consultation a réussi comme je le faisais au tout début, je fais confiance au protocole en sachant que le travail se fait… à la vitesse du client.
Isabelle est revenue aujourd’hui. Je l’attendais devant l’ascenseur au 17e. Les portes se sont ouvertes, laissant apparaitre une femme radieuse, souriante. Elle me dit que quatre jours après notre séance, elle était dans la nécessité de prendre un ascenseur pour un 10e étage. Arrivée en haut, elle était tellement surprise d’être calme, sans émotion particulière, qu’elle était redescendue pour remonter dans la foulée avant son rendez-vous, afin de vérifier qu’elle ne ressentait plus aucune peur.
Alors, comment ça marche l'hypnose ?
Comment expliquer cette magie construite en une heure pour défaire quarante années de limites et de croyances ?
Je ne sais pas et je ne veux plus le savoir. Pour un autre client, il n’y aurait peut-être pas eu un changement si flagrant… et pourtant beaucoup d’autres personnes ont vécu la même magie.
Si la technique d’hypnose s’enseigne, accompagner la partie inconsciente ne s’apprend pas. Elle se vit, se pratique puis s’intègre comme une langue étrangère, ou le simple fait de vérifier la syntaxe consciemment, coupe les liens de confiance, du client et de l’objectif à atteindre.
L’humilité, l’état caméléon, faire corps avec l’autre, la sécurité et la curiosité sont les maitres mots d’une séance réussis.
Faites confiance à la partie qui sait…
Emmanuel
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